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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 8 avril 2024

l'inclusion, une impasse ?

 L'inclusion, une impasse ?

Et si l’inclusion, dont on voit bien aujourd’hui, au-delà d’un consensus de façade, qu’elle se heurte à de sérieuses limites et contestations, était pensée selon un modèle qui relèverait d’une véritable aporie ? Malgré les ajustements sémantiques et conceptuels que l’on trouve dans les termes d’éducation inclusive et d’école inclusive, il reste que l’inclusion relève encore de la définition qui lui a été attribuée lorsqu’elle a remplacé la notion d’intégration dans la première décennie de ce siècle. C’est d’ailleurs pour cette raison que la plupart du temps, les différentes terminologies sont indifféremment utilisées. Dans ce registre persistant, l’inclusion scolaire concerne un ensemble de dispositifs déployés auprès des enfants handicapés, auxquels s’adapte l’école, en mettant en place diverses compensations et aménagements spécifiquement destinés à celles et ceux dont les besoins ont été identifiés comme relevant des caractéristiques personnelles déficitaires (déficiences, troubles, incapacités, limites). Les dispositifs d’intégration demandaient à l’enfant handicapé de s’adapter au fonctionnement de l’école, de laquelle il était rejeté s’il ne s’adaptait pas. Les dispositifs d’inclusion s’adaptent spécifiquement, particulièrement, à cet enfant, en raison des problèmes qu’il présente, issus de ses caractéristiques personnelles. Ainsi, une classe présente des élèves « normaux » et un élève « différent » auquel il convient de s’adapter par compensation et aménagement.

Et c’est peut-être définie et organisée de cette manière que l’inclusion trouve ses limites, et qu’il convient de réfléchir plutôt en termes d’éducation inclusive. L’éducation inclusive n’est pas l’inclusion réduite à l’aménagement particulier à un élève handicapé. Le principe fondamental de l’éducation inclusive repose sur un élément fondateur : l’hétérogénéité et la diversité de tout collectif social, par conséquent de toute école ou classe. Autrement dit, le principe de l’éducation inclusive est l’acceptation de ce principe. L’éducation inclusive concerne tous les élèves, parmi lesquels certes il y a des enfants qui ont des incapacités ou des déficiences reconnues comme handicap ; tous les élèves donc, et pas seulement certaines catégories désignées, auxquels il convient d’être attentifs sur le plan pédagogique.

Si l’on convient qu’il s’agit là des principes fondateurs de l’école inclusive, il n’est pas étonnant que les dispositifs actuels d’inclusion, qui sont étrangers à ce principe fondateur, ne se heurtent à des impasses. Faire de l’inclusion avec quelques élèves sans souscrire aux principes de l’éducation inclusive est une aporie insurmontable. Une école non inclusive, qui préserve toutefois une niche dite d’inclusion pour des enfants handicapés, est une aberration fonctionnelle et politique. C’est en cela que certains choix faits aujourd’hui (classes de niveau, ségrégation sociale et institutionnelle par exemple) permettent de continuer de parler d’inclusion en renforçant les caractéristiques d’inégalités et d’exclusion de l’école, politiquement désirées par certains.

Souscrire aux principes d’une éducation inclusive, c’est prendre en considération les conditions générales environnementales dont tout élève, quelles que soient ses caractéristiques individuelles, a besoin pour faire des apprentissages de qualité. C’est sortir de la focalisation sur les déficits, insuffisances, retards, échecs, c’est cesser d’identifier les élèves par leur manques ou même par leurs besoins particuliers. En pratique, anticiper une séquence classe en s’efforçant de proposer diverses solutions pédagogiques permet à des élèves handicapés de tirer profit de leur activité d’apprenants dans la classe, non pas parce que cela leur est spécifiquement adapté, mais parce qu’il y a une préoccupation pédagogique de faire réussir tous les élèves.

Les incantations à l’inclusion ne pourront qu’être vouées à l’échec et au discours creux, tant que l’école ne se transformera pas en école inclusive. Pour cela, il ne s’agit pas que de résistances de terrain, mais de choix politiques, qui ne semblent pas aller dans ce sens actuellement.

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