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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 18 mars 2024

l'école inclusive entre compensation et accessibilité

L'école inclusive entre compensation et accessibilité

L’un des obstacles majeurs au développement de l’éducation inclusive tient peut-être à la mauvaise répartition entre compensation et accessibilité dans les réponses à la scolarisations des élèves en situation de handicap, ou plus précisément au fait que c’est encore la compensation qui constitue le modèle dominant de réponses. Il ne faut pas s’étonner de ces pratiques : la société dans son ensemble a hérité de l’histoire de l’accompagnement des personnes en situation de handicap une approche compensatoire, qui la rend elle-même peu inclusive, mais réhabilitatrice, réparatrice, normative. A cela s’ajoute la tradition d’une école qui n’a pas eu l’habitude d’accueillir ces catégories de populations. Plusieurs phénomènes, plus ou moins visibles, attestent de la pérennité et du poids de cette approche dans les modalités actuelles de la présence des enfants en situation de handicap à l’école.

Le premier dispositif qui acte massivement de cette approche est la place qu’ont prise et que prennent les AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap). Ils sont présents massivement (même si nombreux sont ceux qui déplorent leur insuffisance, qui exclut nombre d’élèves de la scolarisation) dans les classes dès lors qu’un enfant handicapé y est présent, au plus proche le plus souvent, parce qu’il est présumé, entendu, sur de nombreuses situations pourtant différentes, qu’en leur absence, l’enfant ne peut pas être accueilli, ne peut pas être scolarisé, ne peut pas faire d’apprentissages, va souffrir, etc. Avant d’être là pour répondre aux besoins des élèves, ils sont présents en raison des impossibilités ou des incapacités du système éducatif (et en premier lieu des enseignants) à proposer des solutions éducatives et pédagogiques pertinentes et ajustées à l’enfant concerné. L’AESH est par conséquent la compensation réduisant l’écart entre l’enfant concerné et les normes de la pratique enseignante, qui peut rester dans ces conditions immuable. Leur utilisation actuelle en tant que compensation n’est nullement en cause dans les conditions de scolarisation actuelle. Elle dénote simplement qu’il est attendu de ces élèves qu’ils s’adaptent eux-mêmes, via leur AESH, aux conditions données de l’école.

La seconde manifestation de la préséance de la compensation consiste en la médicalisation plus ou moins généralisée des difficultés d’apprentissage rencontrées. La réponse enseignante consiste aujourd’hui bien souvent à adresser le « cas » aux services médicaux et paramédicaux, plutôt que de rechercher dans les ressources pédagogiques, méthodologiques, relationnelles, les façons de s’ajuster aux difficultés de l’élève. La plupart du temps, la situation est ainsi pathologisée, et va trouver des réponses autant dans des compensations thérapeutiques censées remettre l’enfant dans le circuit des apprentissages, que dans la systématisation dans des réponses d’adaptation individualisée concernant cet élève. Ce qui confirme par un pervers retour que ce « type » d’enfant ne peut pas vraiment trouver sa place dans la classe : il est « spécial », il lui faut du « spécialisé ».

Dans ce prolongement, la demande (et la réponse) de formation se réalise essentiellement par une information/sensibilisation/formation sur les déficiences/troubles, attribuant le handicap à la personne, dont la logique est la compensation, et non sur l’accessibilité, c’est-à-dire sur l’ajustement des conditions d’apprentissage à tous les élèves. De la même manière, l’aménagement des examens est aujourd’hui (conçu ? et) compris comme une compensation individuelle adaptée, et non comme des modalités à concevoir en amont et ouvertes à tous, pour inclure tous les candidats.

Si les conditions de l’enseignement et des apprentissages étaient conçues et mobilisées afin de s’ajuster à tous les élèves ayant des difficultés, et aux autres, gageons qu’il y aurait moins de besoins de compensation ciblée, et qu’ainsi l’école pourrait se prétendre inclusive. La conception universelle de l’enseignement ou des apprentissage (CUE ou CUA) offre des réponses pertinentes.

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