Qu'est-ce qu'une situation de handicap ?
La terminologie situation de handicap est aujourd’hui banalisée, elle devient LE terme politiquement correct. Au point d’avoir un sens très large et finalement imprécis. Dans cette évolution sémantique, il est à craindre que la nouvelle terminologie n’apporte pas beaucoup de modifications ni aux représentations, ni aux attitudes, ni aux pratiques relatives aux rapports que l’on entretient avec les personnes concernées. L’expression a remplacé le terme handicap, qui lui-même avait remplacé les termes de déficience, d’invalidité et d’incapacité. De même, l’expression personne en situation de handicap a remplacé personne handicapée ou personne déficiente.
Cependant de nombreux indices laissent penser que les
évolutions de représentations et de pratiques ne soient pas à la hauteur de la
révolution langagière. La catégorisation même de situation de handicap renvoie,
en dépit de la référence situationnelle écosystémique, à une catégorisation
populationnelle de ceux qui ont des déficiences, des maladies, des troubles,
des incapacités. Ceux-ci peuvent être caractérisés comme étant « en
situation de handicap ». Un enfant rom qui n’est pas en mesure d’aller à
l’école ne le sera pas, pas plus que celle d’un chômeur de longue durée, ou une
personne sans logement : il s’agira là de situation appelées de
vulnérabilité, d’exclusion, de discrimination. Mais il s’agit bien du même
processus, celui d’une personne qui n’est pas en mesure de participer à une vie
sociale « ordinaire ». L’attache du terme aux notions de déficience
ou d’incapacités lui donne un sens qui contredit la notion de situation, comme
l’atteste l’utilisation de formules comme situation de handicap sensoriel,
ou moteur, ou psychique.
Comment donc définir une situation de handicap de telle
manière qu’elle ne signifie pas handicap, déficience ou incapacité ? Le
MDH-PPH, Modèle de Développement Humain – Processus de Production du Handicap (Classification
internationale,
Une situation de participation sociale ou une situation de
handicap comprend deux facteurs ou conditions : mes caractéristiques
personnelles et les caractéristiques de l’environnement. Par exemple, pouvoir aller
au cinéma va dépendre de mes caractéristiques personnelles (mes goûts, mes
ressources…), mais aussi de l’environnement (une salle pas trop éloignée, un
moyen de transport pour m’y rendre…). Pour certaines personnes des conditions
supplémentaires vont être requises pour réaliser cette activité : un
fauteuil, un transport adapté et un plan incliné pour accéder à la salle pour
une personne qui a des déficiences motrices. Faute de ces conditions
environnementales, la personne sera en situation de handicap pour cette
activité de loisirs.
Des situations de participation sociale peuvent donc être
empêchées, réduites, ou rendues impossibles, ou au contraire facilitées, selon les
caractéristique de l’environnement, et en particulier selon l’accessibilité
(physique, relationnelle…). En disant situation de handicap moteur, on
nie la notion même de situation, en assignant les caractéristiques de la
situation aux caractéristiques de la personne (son « handicap »), en
réduisant la complexité des situations au seul versant des caractéristiques « déficitaires »
de la personne, en euphémisant les conditions de rétablissement de la
participation par une action conjointe chez la personne et sur l’environnement.
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