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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 25 septembre 2020

Des dispositifs d'inclusion pour enfants polyhandicapés

Des dispositifs d'inclusion pour enfants polyhandicapés

Il y a encore peu de temps, s’autoriser à penser que peut-être un jour des élèves gravement handicapés, par exemple ceux qui sont qualifiés sous la catégorie de polyhandicapés, puissent être présents à l’école ordinaire relevait d’un rêve impossible. L’intégration ou l’inclusion d’élèves avec des situations de handicap beaucoup moins problématiques semblait déjà bien difficile et se heurtait à des résistances fortes, et perdait sa légitimité à mesure que les enfants concernés étaient éloignés de la norme scolaire : on voulait bien intégrer, mais ceux qui n’étaient quand même pas trop différents ! Dans ce paradigme de pensée et d’action, il était inconcevable, au sens fort de ce terme, que des jeunes ayant un polyhandicap puissent un jour être présents dans un établissement scolaire pour y faire leurs apprentissages.

Il y a une vingtaine d’années, dans un mouvement de délocalisation de classes élémentaires d’élèves sourds vers des écoles ordinaires, nous nous étions heurté à un mur infranchissable, chez les professionnels spécialisés comme chez les enseignants de l’école, dès lors qu’il fut envisagé de délocaliser une classe regroupant quelques enfants sourds « avec handicaps associés », ceux-ci consistant pour l’essentiel en des difficultés importantes d’apprentissage associées à quelques comportements problématiques. Alors, pour des enfants polyhandicapés … ! L’impossibilité conceptuelle d’inclure cette catégorie d’enfants servait même couramment d’argument définitif pour démontrer les limites d’une inclusion inaccessible.

Et voilà qu’en cette rentrée 2020 nous est faite l’annonce de l’inclusion d’enfants polyhandicapés à l’école. Devant une telle déclaration, il y a certes quelques raisons de se méfier de politiques publiques qui s’attachent davantage à afficher des intentions qu’à véritablement agir. Et selon le cahier des charges établi dans une circulaire qui doit être incessamment publiée, il ne s’agit nullement d’une inclusion envisagée comme une adaptation de l’école à ce public particulier : il s’agit en effet de l’externalisation d’unités d’enseignement d’établissements médico-sociaux, rendant effective la présence de ces enfants dans le milieu ordinaire de l’école. Ils ne sont pas prêts d’être inscrit à l’école de tous ! De plus l’annonce en fanfare d’une telle mesure ne témoigne en définitive que de l’existence de tels dispositifs qui se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une seule main. Enfin, rien n’indique que des moyens permettant de telles réalisations suivent.

Mais voilà, malgré ces immenses réserves sur ce qui peut se passer, les choses ont été dites et actées : il devient concevable que des enfants polyhandicapés soient présents dans l’école, dans des dispositifs qui puissent combiner leurs besoins de soins et leurs besoins ou droits d’apprentissages scolaires. Affirmer le droit d’une catégorie de population, dont les écarts avec la population scolarisée (ceux qui sont qualifiés de valides et ceux qui sont qualifiés de handicapés) sont importants, à être elle-même scolarisée avec les autres est décisif sur le plan symbolique. C’est l’affirmation que, comme le dit Charles Gardou, « il n’y pas de vie minuscule ». C’est l’affirmation du principe que chacun a de la valeur, et qu’à ce titre, il mérite d’être avec tous les autres.

Cette affirmation fait en quelque sorte rupture avec ce qui se passait. Avec l’intégration, seuls méritaient d’être présents à l’école les enfants que leur handicap ne différenciait pas trop de la norme. Avec l’inclusion, l’accueil est devenu plus large, plus universel, tout en mettant des limites, le plus souvent inconscientes, pour les enfants trop éloignés des normes. Avec « l’inclusion », certes particulière, des enfants polyhandicapés, la frontière des possibilités tombe symboliquement. Les normes s’élargissent, désormais ces enfants ont le droit de faire partie de notre monde. C’est un pas, à reconnaitre comme modeste et fragile, vers l’école et la société inclusives.

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