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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mercredi 21 mars 2018

pourquoi y a-t-il (encore) des escaliers ?

Pourquoi y a-t-il (encore) des escaliers ?


Les escaliers sont une invention formidable : ils permettent de monter ou de descendre (plus) facilement des espaces pentus. Mais leur utilisation est quelque peu problématique, voire impossible pour certaines personnes : personnes avec poussettes ou landaus, personnes en fauteuil, personnes ayant des difficultés de locomotion, etc. Lorsque les escaliers sont le seul moyen d’accéder à un lieu (dans l’espace public ou dans un immeuble d’habitation par exemple), ils deviennent un obstacle à la « participation sociale » d’un certain nombre de personnes.

L’ascenseur fut de longue date un moyen adaptatif alternatif aux escaliers dans les mines, les monastères ermitages et les immeubles. Les plans inclinés pour le public ont été installés plus spécifiquement pour adapter l’environnement aux personnes handicapées en fauteuil, au grand bénéfice par ailleurs d’autres catégories de populations, pour qui les déplacements s’en trouvèrent facilités. Aujourd’hui, à l’instigation des réglementations, tous les lieux accueillant du public mettent en place des plans inclinés (et/ou des ascenseurs) pour se mettre en conformité avec ces obligations.

Et lorsqu’il s’agit aujourd’hui de concevoir un lieu public, un bâtiment, un cheminement, en dehors de l’ascenseur, nécessaire dans certaines situations, sont prévus de plans inclinés, des rampes … et des escaliers. Qu’est-ce qui justifie que systématiquement soit prévue la construction d’escaliers ?

Que le plan incliné soit prévu pour permettre l’accès de certaines personnes se comprend dans la mesure où les escaliers sont inaccessibles. Mais le plan incliné est quant à lui accessible à tous, y compris à ceux qui sont en mesure d’utiliser les escaliers. Pour quelles raisons donc construire deux objets, lorsqu’un seul (le plan incliné) conviendrait à tous, avec par conséquent des surcoûts ?

Je ne suis pas sûr qu’il faille chercher des raisons techniques profondes pour donner la réponse. C’est sans doute que les escaliers étant pensés historiquement les premiers et les plans inclinés les derniers, et de surcroit pour une population « minoritaire » ; l’évidence de la conception des escaliers aujourd’hui s’impose encore comme allant de soi. Pourtant ce double cheminement, l’un pour tous, l’autre pour une partie de la population (les valides) a un coût. L’idée serait peut-être, afin de restreindre les coûts, de ne proposer qu’un seul cheminement, celui accessible pour tous, c’est-à-dire le plan incliné.

Cette conception de penser les choses en avance pour toute la population s’appelle la conception de l’accès universel. Ce qui sera retenu sera la solution qui convient à tous, et non les solutions qui mettent une priorité à un accès habituel (les escaliers) auquel on rajoute une solution adaptée à quelques-uns. Le plan incliné à côté des escaliers dénote bien la préoccupation d’une société d’inclure des personnes qui sans cela ne pourraient accéder à une participation sociale satisfaisante, et rencontreraient une situation de handicap. Le plan incliné comme seule solution caractérise davantage une société qui se voudrait inclusive. On peut trouver dans cet exemple la différence entre inclusion sociale et société inclusive.

J’ai bien conscience que cet exemple est caricatural, et que les escaliers ne sont pas toujours inutiles ou superflus dès lors qu’une autre solution s’offre à tous. Mais il a l’avantage de poser la question de différencier les approches inclusives : inclusion/adaptation à des personnes à qui le monde ordinaire ne convient pas, ou société inclusive qui se pense et s’aménage en fonction de toutes les différences existant en son sein.

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