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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 22 septembre 2025

de la confusion dans les projets ?

 De la confusion dans les projets ?

Dans le domaine de l’accompagnement des personnes en situation de handicap, la notion et le terme de projet sont utilisés massivement. Le projet est né, légitime, de la préoccupation de se centrer sur les personnes concernées en termes d’organisation et de posture. Le projet instituait une rupture avec des pratiques qui, aussi attentives fussent-elles, ignoraient les avis et les besoins de personnes, centrées sur le fonctionnement institutionnel. C’est dans ces circonstances que sont apparus les projets d’accompagnement, de vie, de scolarisation, et d’autres, assortis le plus souvent des qualificatifs « individuel » ou « personnalisé » pour bien marquer le centrage sur la personne. Nul doute que si l’on mettait en regard les pratiques d’aujourd’hui avec celleS d’il y a quelques dizaines d’années (et même d’il y a 10 ans), l’on trouverait des changements fondamentaux. A cet égard l’utilisation du terme a tenu sa promesse : la personne est bien davantage écoutée, au centre de son (ses) projet(s), elle a davantage l’occasion d’exercer son autodétermination, ses droits fondamentaux sont davantage reconnus, elle est davantage un sujet qu’un objet de soin, de prestations ou d’organisation.

Mais la banalisation du terme a produit une confusion de la notion et des pratiques afférentes. Comment peut-on mettre sur le même plan et avec le même vocabulaire le « projet de vie » de la personne et son « projet d’accompagnement » ou son « projet de scolarisation » ? Le premier appartient délibérément à la personne, même s’il n’est pas formalisé ou formulé dans les règles convenues. Le projet de vie n’est pas contractuel, il est l’expression par la personne de la manière dont elle pense sa vie et son avenir, en tenant compte de ses possibilités et de ses difficultés, il est l’expression de ses aspirations, de ses attentes, de ses désirs, de ses choix, de ses besoins…

Les projets d’accompagnement ou de scolarisation sont d’une autre nature qu’un projet de vie. Ils n’émanent pas de la personne concernée, même si celle-ci participe de manière active à leur élaboration. Ils décrivent précisément l’organisation des actions, des interventions ou des aménagements mis en place afin que la personne puisse réaliser son projet de vie. Il s’agit donc, plutôt que d’un projet, d’un programme ou d’un plan qui détermine des moyens au service de la personne. Dans les pratiques, on trouve de nombreuses confusions, à tout le moins dans les discours, où le « projet d’accompagnement » devient le projet de la personne, à partir du moment où celle-ci donne son accord. Bénéficier d’un suivi psychologique est ainsi compris comme le projet de la personne, alors qu’il ne s’agit que d’un moyen, sur lequel tout le monde s’est certes mis d’accord, d’améliorer la qualité de vie et le projet de vie, qui relève donc d’un programme d’intervention ou d’un plan personnalisé d’accompagnement.

Cette confusion permet de faire des amalgames entre l’expression du projet d’une personne, et le projet institutionnel d’accompagnement, celui-ci recouvrant et masquant le projet de la personne, parfois faisant oublier celui-ci. Lorsqu’une équipe élabore un projet d’accompagnent avec une personne, le résultat final revient souvent à faire de celui-ci un projet de vie pour la personne.

Il y aurait donc intérêt à distinguer clairement et au niveau lexical ces deux registres, celui du projet de la personne d’un côté, et les plans ou programmes d’autre part, étant entendu que ceux-ci ne peuvent se faire sans le premier. Il s’agit de laisser (et de valoriser) le terme projet à la personne (on ne peut pas penser son projet à la place de la personne) et utiliser les termes programme ou plan pour décrire l’ensemble des interventions engagées au service de la personne (et avec son accord et/ou à son initiative) pour faciliter la réalisation de son projet de vie dans la vie sociale, la scolarisation, l’espace public…

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