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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 13 mars 2020

PAP, PPS, et handicap

PAP, PPS, et handicap


Face à l’indigence des modalités d’accompagnement de certains élèves « dys » (troubles des apprentissages) ; dans le cadre des Projets d’accompagnement personnalisés (PAP), la demande logique de certains parents et professionnels est de dénoncer cette formule et d’exiger qu’il soit remplacé par le Projet personnalisé de scolarisation (PPS).

Ce dernier apparait en effet comme un meilleur garant d’une approche globale de l’accompagnement de l’élève concerné. Il rend obligatoire des aménagements divers décidés par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), organisés dans le cadre des équipes de suivi de la scolarisation (ESS). Il articule également ces aménagements de la scolarisation avec d’autres dispositifs décidés également par la MDPH : mise en place d’un accompagnant d’un élève en situation de handicap (AESH), accompagnement par un service médico-social, autres aides… Tandis que le PAP ne permet que de discuter de la mise en place de divers aménagements propres à faciliter les apprentissages des élèves (rythme, organisation, supports…) ; il est plus restrictif (aménagements exclusivement pédagogiques) et semble apparaitre comme moins contraignant que le PPS.

Dans un document de l’Education nationale (Répondre aux besoins éducatifs particuliers des élèves, quel plan, pour qui ? en ligne), les situations de handicap sont distinguées des troubles des apprentissages (anciens « dys »), comme si ceux-ci ne produisaient pas de situations de handicap à l’école. Cela permet en tout cas de ne pas attribuer le statut de handicap aux élèves qui ont ces troubles. Cela permet aussi de constater que l’approche des « situations de handicap » reste extrêmement bio-médicale et défectologique, les troubles en question étant déterminés par un médecin, et le handicap étant « statué » avec une entrée médicale (le guide barème) malgré l’affichage d’une évaluation pluri-disciplinaire.

La conception restrictive des situations de handicap qui préside aux deux types de situation explique en partie ces différences. Pour ceux qui ont promu le PAP, il s’agissait de « sortir » d’une assignation au handicap et de viser à des aménagements locaux, au sein de l’établissement scolaire, sans être soumis à une « carrière » de handicapé. C’était aussi une manière de considérer que l’école se devait de scolariser des élèves qui y rencontraient des difficultés, sans les exclure a priori en raison de ces difficultés, et que les difficultés pouvaient être analysée autant en termes d’inadaptation de l’école que de caractéristiques liées à des troubles dûment diagnostiqués (les frontières entre grandes difficultés et pathologies sont par nature instables et incertaines). Dans l’approche médico-centrée actuelle, cette « sortie » s’est accompagnée d’une authenticité et d’un dogme pathologiques.

Est-il avantageux, par conséquent, au bénéfice de meilleures garanties d’accompagnement, de mettre dans une même catégorie ceux qui ont des troubles d’apprentissage et ceux qui ont diverses déficiences et incapacités ? On court le risque de renforcer les approches défectologiques et l’enfermement dans la catégorie handicap. On court le risque d’une assignation à l’élève seul des raisons de ses difficultés, et ainsi de ne plus focaliser les interventions sur les aménagements, pédagogiques ou non, qui sont de l’ordre de l’adaptation de l’école aux besoins particuliers de tous les élèves.

La question ne serait peut-être pas de faire passer en PPS le PAP pour le rendre plus opérationnel. Mais plutôt de savoir comment l’école peut véritablement inclure, c’est-à-dire accueillir tous les élèves en se rendant accessible, en modifiant ses pratiques pour qu’à terme PPS et PPA n’aient plus lieu d’être. Ne faire qu’un seul type de projet pose autant de questions éthiques que cela n’apporte de réponses conjoncturelles.

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