lecture : l'école inclusive, mythes et réalités

L'école inclusive - Mythes et réalités

Coord. par M. TOULLEC-THERY et F. LACROIX, Retz, 2024

L’heure est à la publication d’ouvrages identifiant, au sein même de l’école, des obstacles à la scolarisation des élèves en situation de handicap, ou plus généralement des élèves à besoins éducatifs particuliers (BEP). L’ouvrage Idées reçues sur le handicap (dir. E.Douat, H.Dupont et S.Vaqueiro, Le cavalier bleu 2024) s’attelait à cette tâche. L’ouvrage dirigé par Marie Toullec-Théry et Florence Lacroix vise le même objectif : identifier au sein du système éducatif des fonctionnements, des habitudes, des modèles, des « mythes », qui constituent des obstacles à l’accueil et à la scolarisation des élèves concernés. Il y a dans ces ouvrages un questionnement sur le fonctionnement institutionnel, celui-là même qui fait obstacle à l’objectif inclusif, et des propositions facilitatrices à cet objectif. Si l’ouvrage s’appuie sur des recherches académiques, il est bien ciblé sur les « utilisateurs » de l’école inclusive, en analysant des idées et des propos que l’on entend fréquemment dans la bouche d’enseignants (ou d’autres professionnels) et qui mettent des barrières à l’école inclusive.

Cet ouvrage est conçu pour répondre à des représentations communes et banales, que les professionnels impliqués dans la perspective inclusive n’ont pas manqué d’entendre. Arguments auxquels il n’est pas toujours aisé de répondre tant les mondes évoqués sont éloignés. Cet ouvrage part de ce type de propos pour les analyser et y répondre de manière argumentée. Dix « mythes » ont ainsi été traités par les différents collaborateurs de l’ouvrage, formulés dans des propos communément affirmés. Ces dix mythes sont des lieux communs de l’accompagnement des élèves concernés :

• ·        Il·elle sera mieux en milieu spécialisé
• ·        Scolariser un·e élève à BEP dans ma classe, je ne sais pas faire
• ·        Je « veux » bien scolariser un·e élève à BEP, mais je ne suis pas formé·e à le faire
• ·        Il faut avant tout connaitre le trouble pour adapter
• ·        Il faut individualiser le travail pour un·e élève à BEP
• ·        Il faut coopérer pour une école inclusive
  
• ·        Une AESH est indispensable pour scolariser un·e élève reconnu·e handicapé·e
• ·        Avec des outils numériques, l’élève à BEP va progresser
• ·        On ne peut pas évaluer les élèves à BEP différemment des autres
• ·        C’est au chef d’établissement d’insuffler le « virage inclusif ».

Ces dix chapitres sont construits sur un modèle identique : une première partie « décortique » ce qu’il en est du propos, analysé en tant que mythe et croyances sous-jacentes. Une deuxième partie y répond par « ce que dit la recherche » : les références nombreuses et critiques tentent de déconstruire le mythe en présentant des résultats nationaux et internationaux concernant la question posée et la croyance sollicitée. Une troisième partie est consacrée à des expériences relatant tout particulièrement comment le mythe en question peut être invalidé.

Une idée centrale parcourt l’ouvrage : les croyances avancées, et critiquées, tiennent le plus souvent à une représentation individuelle et biomédicale du handicap (et même des besoins particuliers). « Ainsi, lorsque les difficultés rencontrées par les élèves à BEP sont trop importantes, les enseignants ont tendance à les expliquer par leurs troubles, leur pathologie ou leurs particularités. Ils se tournent alors vers le secteur spécialisé, le monde médical ou médico-social, supposant l’expertise de ces professionnels meilleure que la leur. Les enseignants d’une certaine manière, se déresponsabilisent du processus d’aide et des apprentissages » (p.28). Ce modèle de pensée empêche de questionner les conditions dans lesquelles sont réalisées les tâches pédagogiques et les conditions d’apprentissage. Ces croyances empêchent d’interroger le système éducatif et son fonctionnement pour attribuer les causes des difficultés de l’inclusion aux caractéristiques personnelles des élèves concernés. A ce titre, les interrogations portées par les auteurs de l’ouvrage permettent un « changement de paradigme », et une autre manière de considérer une école inclusive et les problèmes posés par la scolarisation d’élèves dits différents.

Il s’agit donc d’un ouvrage utile pour ceux et celles qui veulent trouver une argumentation solide dans leurs relations avec les enseignants, et pour ceux-ci qui y trouveront une nouvelle manière de voir les choses et de quoi renouveler leurs pratiques.

Extraits de la présentation de l’ouvrage

L’école inclusive progresse en France comme à l’étranger. Désormais, l’école se doit de scolariser tous les enfants en assurant leurs progrès et en répondant aux besoins individuels de chacun.

Encouragé par un consensus international, ce mouvement est aussi porté par des réseaux associatifs et de enseignants militants. Il suscite néanmoins des résistances qui alimentent de fausses croyances et détournent les acteurs des attentes institutionnelles en matière d’inclusion.

Cet ouvrage explore un certain nombre de ces mythes autour de l’accompagnement, le bienêtre à l’école, la formation, l’évaluation ou le numérique… Les différents chapitres offrent des éclaircissements, appuyés sur des recherches, mais aussi sur des pratiques et des exemples concrets. Des solutions émergent pour dépasser les obstacles et bâtir cette école inclusive.

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