MDH-PPH et SERAFIN-PH
MDH-PPH : Modèle de Développement Humaine –
Processus de Production du Handicap. SERAFIN-PH : Services et Etablissements :
Réforme pour une Adéquation des FINancements aux parcours de Personnes
Handicapées.
Les formateurs sur
le MDH-PPH ne manquent pas d’être interrogés sur la compatibilité du modèle et
de sa nomenclature avec la mise en œuvre des dispositifs de SERAFIN-PH. Dans
l’autre sens, les utilisateurs plus ou moins impliqués dans le déploiement de
SERAFIN-PH s’interrogent sur l’opportunité de rendre compatible les
nomenclatures avec l’approche du MDH-PPH. Et s’il s’agissait d’une vraie fausse
question ?
Des écarts entre
les deux approches / dispositifs / modèles, il n’en manque pas. Ne serait-ce
qu’au niveau de la terminologie du titre, qui indique bien les intentions. Dans
un cas il s’agit d’un modèle explicatif de développement humain, c’est-à-dire
une prise en considération de ce qu’est l’être humain et son développement dans
sa vie, et dont l’un des champs d’application est le handicap en tant de
condition d’un développement spécifique. Dans l’autre, il s’agit d’une réforme
des modalités de financements de l’action publique auprès de cette même
population. Une approche anthropologique et développementale d’un côté, une approche
économico-administrative de l’autre. Même si les deux avancent dans leurs
références la préoccupation d’améliorer la qualité de vie des personnes
concernées, les chemins pour y parvenir n’ont rien de comparable.
Les approches et
les références du MDH-PPH et de SERAFIN-PH ne se situent pas sur le même
registre. Le MDH-PPH a pour point d’ancrage le projet de vie de la personne, à
travers le centrage sur le niveau de réalisation des habitudes de vie de la
personne (habitudes de vie qui concernent autant des activités courantes que
les rôles sociaux que peut tenir une personne). Le point d’ancrage est donc la
réalisation des habitudes de vie, qui s’accomplit entre des situations de
participation sociale et des situations de handicap. Les conditions
d’accomplissement des habitudes de vie se situent dans les caractéristiques de
l’environnement et dans les caractéristiques de la personne. SERAFIN-PH a pour
point d’ancrage les besoins de la personne, auxquels vont répondre des
prestations, définissant les personnes comme une somme de besoins consommateurs
des ressources qui vont leur être fournies en conséquence. Le point d’ancrage
tient donc davantage d’un projet d’accompagnement que d’un projet de vie,
projet d’accompagnement qui laisse la porte ouverte à une projection
professionnelle sur des besoins, par ailleurs définis en définitive comme un
écart à une norme prédéterminée, qu’il s’agit de réduire.
En dehors de ces
contradictions d’intentions, de finalités, et en définitive de philosophie (et
de telles contradictions, il y en a d’autres…), qui se révèlent quand même fondamentales,
il pourrait y avoir toutefois des ponts à établir entre MDH-PPH et SERAFIN-PH dans
l’articulation projet de vie / projet d’accompagnement. Car SERAFIN-PH
n’interroge pas le projet de vie de la personne. Or définir des besoins, à
partir d’une nomenclature formatée, sans référence au projet de vie me semble
être une démarche à contre-sens. Ce ne sont pas les réponses aux besoins qui
constituent un projet de vie. Ce sont les vécus dans diverses habitudes de vie,
l’insatisfaction ou la satisfaction dans leur réalisation, les difficultés à
faire, etc. Ce que SERAFIN-PH nomme et définit comme besoins (parfois
abusivement : par exemple, aller voter n’est pas un besoin, mais un droit),
assignés à la personne peut éventuellement être des leviers d’une amélioration
d’une habitude de vie, et par là de la qualité de vie. Mais SERAFIN-PH
« oublie » les conditions environnementale (les besoins de
l’environnement ?) qui « conditionnent » ces habitudes de vie. Ainsi
le MDH-PPH peut-il définir le projet de vie, au service duquel la réponse aux
besoins pourrait servir de levier opérationnel, en y incluant les changements
de l’environnement.
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