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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 22 janvier 2018

à quoi sert la LSF ?

A quoi sert la LSF ?

La Langue des Signes Française (LSF), après avoir fait l’objet d’une opposition radicale et virulente, allant jusqu’à son interdiction dans l’éducation des enfants sourds pendant des décennies, a été en quelque sorte réhabilitée, mais avec lenteur et modération, en particulier dans les lieux traditionnels d’éducation des jeunes sourds, établissements médico-sociaux et dispositifs de L’Education nationale. Si l’on a vu depuis une trentaine d’années des évolutions significatives, la plupart à l’initiative des sourds eux-mêmes et de leurs amis, il n’en reste pas moins que l’éducation des jeunes sourds fait l’objet d’enjeux tels que le plein droit de l’existence et de l’utilisation de la LSF est loin d’être atteint. En témoigne l’idéologie qui préside au dépistage précoce systématique, à l’inflation implantatoire présentée comme guérison d’une maladie/déficience, ou encore le principe de l’intégration (à ne pas confondre avec l’inclusion) individuelle.

Dans ces lieux d’éducation, la LSF a longtemps été, et l’est encore bien souvent, considérée comme un outil de facilitation de la communication, non comme une langue de plein droit, nécessaire à nombre d’enfants sourds pour comprendre leur environnement verbal, pour s’exprimer, pour mettre en place des organisations conceptuelles, pour interagir avec d’autres. On a ainsi trouvé la « langue gestuelle » dans l’approche éducative de la « communication totale », dans certaines approches la préconisant à un âge précoce, mais comme condition d’émergence de la « vraie » langue, la langue orale (en effet, nombre de professionnels se sont quand même aperçus que pour de très nombreux enfants sourds, exclure des modalités visuelles au jeune âge mettait des obstacles aux apprentissages, même de la langue orale). La LSF a été rapidement considérée comme « utile » également dans la communication nécessaire entre pairs, et avec des sourds adultes. Cette reconnaissance, aussi imparfaite fût-elle, a néanmoins permis d’immenses progrès dans l’éducation des jeunes sourds, leur autorisant une développement psycho-affectif-cognitif équivalent à celui des enfants sans déficiences auditives.

Mais la LSF est le plus souvent restée davantage un moyen de compensation qu’un moyen d’accessibilité, la compensation étant ce qui rattrape l’écart entre une personne et la norme, l’accessibilité étant ce qui permet d’adapter l’environnement à tous. Lorsque la LSF reste cantonnée à la facilitation de la communication, elle reste un moyen de compensation. Et même si elle le permet en tant qu’effet ou conséquence, elle n’est pas positionnée comme instance créatrice de maîtrise de l’information (comprendre et s’exprimer) et de la structuration de la pensée (en l’occurrence pour un jeune enfant, la « naissance » de la pensée et son développement). De nombreuses pratiques attestent encore des limites implicites et inconscientes que les professionnels mettent à la LSF.


Ainsi dans nombre de lieux d’éducation utilisant la LSF, la langue signée utilisée est une langue « réduite », adaptée par des enseignants spécialisés qui font l’hypothèse qu’une langue des signes « normale » ne leur sera pas accessible. Ainsi encore, un enfant sourd éduqué dans la langue orale, mais sans toute l’efficacité espérée, sera diagnostiqué « dysphasique » lorsque les difficultés iront croissantes, quand c’est le défaut de la pratique d’une langue visuelle performante qui pourrait être interrogée. Ou encore quand il s’agira de privilégier les « soins » en motricité plutôt que le développement global (avec la communication) d’un jeune présentant une déficience motrice et auditive.

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