biographie

Ma photo
Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mardi 19 décembre 2017

regard global et vision totale

Regard global et vision totale

L’élaboration des projets personnalisés d’accompagnement (PPA) ou, selon une autre terminologie, des projets individualisés d’accompagnement (PIA) donne l’occasion d’observations « cliniques » intéressantes tant en ce qui concerne la manière dont justement les parents se situent par rapport au projet dont ils discutent que sur les modes de pensée, de représentations et d’action présents chez les professionnels présents lors de cette élaboration.

Le PPA est en principe l’outil de pilotage des réponses de la structure médico-sociale aux besoins identifiés de l’enfant ou adolescent « orienté » dans cette structure et aux attentes des parents. Il se veut global, et il peut effectivement apparaitre comme tel en raison des domaines auxquels il fait porter attention (et la situation de handicap multiplie parfois le nombre de ces domaines) ; et en raison également de la pluralité de professionnels, qui permet le cumul et la complémentarité des regards sur la situation vécue par l’enfant ou l’adolescent concerné, et sur ses besoins au regard de cette situation. Mais ces regards sont tellement aiguisés, ont tant d’acuité (cela s’appelle l’expertise) que tous les champs de la vie des jeunes en projet sont examinés, scrutés, évalués, discutés, et peuvent faire l’objet d’un objectif de travail, et de résultat, de l’intervention médico-sociale.

Il n’est pas impossible que parfois, en de telles circonstances, l’on confonde globalité et totalité. Dans une vision « totalitaire », c’est toute la vie, et dans son moindre détail, qui est sous l’œil du professionnel ou d’une équipe, d’un regard focalisé sur ce qui fait l’objet de leur action. Dans une vision globale, c’est la situation du jeune dans son environnement qui est prise en compte. De la volonté légitime de prendre en compte une personne dans sa globalité, le risque est grand, dans les institutions dotées d’experts en tous genres, de dériver vers des pratiques de contrôle, de soins ou de rééducations de la moindre attitude lue comme déviante à la loupe des expertises.

Ainsi, une jeune fille sourde, accompagnée par service spécialisé en collège, est repérée comme relativement bavarde, voire parfois insolente avec les professionnels du collège et du service spécialisé. L’approche « totalisante » va pointer ces « dysfonctionnements » comme un fait majeur, une anomalie à rectifier spécifiquement, voire comme un symptôme de sa situation de jeune fille sourde, et qui pourrait faire l’objet d’un objectif du PPA (avec les ressources du service : rencontres avec les professionnels, suivi psychologique, etc.). Dans une vision globale, une telle situation va être « banalisée » : elle va être resituée à la hauteur de ce qui se passe pour de jeunes adolescents en collège, dont les bavardages et les insolences ne sont pas si rares, appelant parfois des remarques, voire des sanctions « sociales ». Mais dans cette approche, ce type de comportement fait rarement appel à des moyens dédiés, des contrats, des objectifs de projets et d’un déploiement d’échanges, de réflexions et de mobilisation pluridisciplinaire.


Précisément dans cette situation, les parents remirent les choses dans un contexte raisonnable, non pas pour défendre le comportement de leur fille, mais pour l’apprécier au regard d’un comportement de « droit commun ». Mais pour cette famille résistant au rouleau compresseur de l’évaluation situationnelle de professionnels experts, combien de famille adhèrent-elles au discours du regard « totalitaire » des équipes professionnelles ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire