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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mardi 12 décembre 2017

éthique de conviction et de responsabilité

Ethique de conviction et éthique de responsabilité

Personne aujourd’hui, en particulier parmi les professionnels qui travaillent dans le secteur médico-social, n’osera penser, et encore moins le dire, qu’il est favorable à l’exclusion des personnes handicapées, ou encore qu’il ne faut pas être à leur écoute. Il y a un accord de conviction sur leur inclusion dans la société, sur l’importance de leur écoute, voire sur le développement de leur empowerment. Et pourtant, dans les établissements, cette éthique de conviction se heurte à une éthique de responsabilité tant au niveau des dirigeants que des professionnels.

Dans les établissements ou services spécialisés, la plupart du temps on tient des discours institutionnels participatifs, on écrit des projets de services ou d’établissements, des rapports d’activité, des évaluations internes et externes, qui tous vont dans le sens des évolutions souhaitables et souhaitées au regard des évolutions philosophiques, conceptuelles et organisationnelles attendues dans les orientations politiques. L’éthique de conviction est rodée, bien assise, séduisante. Mais lorsque l’on regarde ce que cela donne en termes d’action proprement dite, le tableau est trompeur. Car ces belles évolutions affichées se heurtent à des « résistances », et le « bon management » enjoint de prendre en compte ces résistances.

En effet, de multiples actions ou projets vont être reportés, remis, annulés, suspendus, en raison des conséquences présumées (souvent des auto-prédictions) sur les usagers ou les professionnels. On ne va pas externaliser un dispositif sous la pression de professionnels mettant en garde sur les risques qu’on fera subir aux enfants sous le prétexte qu’on leur enlèverait la protection nécessaire, ou qu’on leur nierait le besoin qu’ils auraient d’être toujours entre eux pour être bien. On va légitimer le maintien en dispositif spécialisé de jeunes collégiens sous la pression de professionnels inquiets de la souffrance, le plus souvent fantasmée, qu’ils vont développer dans le vivre ensemble avec les autres, ou sous la pression d’enseignants spécialisés garantissant que leur place n’est pas dans la classe « ordinaire » puisqu’ils ont besoin d’enseignement spécialisé, comme une tautologie de toute éternité. On ne mettra pas d’accessibilité (interface ou interprète en langue des signes) sous la pression d’enseignants spécialisés qui considèrent que le besoin des jeunes sourds consiste exclusivement de la compensation (pédagogie spécialisée et adaptative), en raison des moindres capacités (en langue, en vocabulaire, en cognition, etc.) attribuées a priori aux jeunes sourds.


Certes tous les bons conseils de management indiquent en quelque sorte de résister positivement à ces résistances, avec tout un arsenal de jolies formules et de techniques élaborées. Mais le plus souvent, on laisse faire, on évite de faire des vagues, on est plus soucieux de la bonne gestion plutôt que de chercher à savoir quoi faire pour véritablement répondre aux politiques d’accompagnement préconisés pour servir les personnes en situation de handicap. Et même parfois, lorsque des professionnels prennent des initiatives qui vont dans ce sens, en écart ou en opposition avec certaines résistances majoritaires, il arrive qu’ils soient institutionnellement désavoués, et dans le paroxysme d’une institution fonctionnant sur le rapport de force, jetés en pâture à la pensée dominante, cachée et non affichée. Il y a là un des obstacles aux évolutions, dû au manque de courage de certains responsables n’arrivant pas, souvent de manière inconsciente, à marier éthique de conviction et éthique de responsabilité.

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