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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 22 septembre 2017

difficultés ou incapacités ?

Difficultés ou incapacités ?

On peut identifier la situation de certains élèves par rapport aux apprentissages comme relevant de difficultés ou comme relevant d’incapacités. La notion de difficulté a cours au sein de l’école ; la réponse aux difficultés se tient dans l’expertise pédagogique en termes d’adaptation ou de différenciation, exceptionnellement au renvoi vers d’autres expertises. La notion d’incapacité a cours dans le champ professionnel qui s’organise autour des situations de déficience, de maladie ou de troubles, et de leurs conséquences sur les apprentissages en termes « d’incapacités ».

Dans ces deux réponses, le problème d’apprentissage est attribué à l’individu élève : ou bien l’élève ne sait pas s’adapter aux exigences de l’école en termes de connaissances, de compétences ou d’attitudes, ou bien l’enfant est porteur de caractéristiques incapacitantes qui l’empêchent d’apprendre ou qui ralentissent ses apprentissages. Si ces deux réponses se rejoignent dans l’approche causale, elles n’ont pas les mêmes effets.

Lorsqu’on aborde la question par l’approche de la difficulté, il n’y a pas a priori d’obstacles qu’on ne puisse tenter de franchir. La difficulté (ou les difficultés) d’apprentissage est une notion qui présente un caractère relatif : une difficulté se surmonte, certes du côté du l’individu, mais aussi et peut-être surtout du côté de l’environnement dans lequel se trouve cet enfant. Cette approche autorise le changement, voire le provoque : l’adaptation ou la différenciation sont des pratiques d’accueil des enfants qui n’entrent pas dans les normes scolaires. Les injonctions et appels incessants des autorités éducatives à combattre l’échec scolaire et les difficultés que rencontrent certains élèves sont là pour rappeler l’importance de cet enjeu au sein de l’école, même si les choses ne sont pas faciles et que d’autres enjeux entrent en conflit avec celui-là.

En revanche, l’approche par la notion d’incapacité trace une frontière intangible entre les capables (capacités) et les in-capables (incapacités). L’incapacité appelle à être éduquée, rééduquée, soignée, compensée. Elle focalise la réponse exclusivement dans le changement de l’individu, qui se doit de parvenir à réduire ses incapacités et/ou augmenter ses capacités. L’incapacité, existant du fait de l’existence d’une déficience, renvoie aux traitements des incapacités par les experts, c’est-à-dire la plupart du temps des soignants (médecins, psychologues, orthophonistes, etc) qui présentent seuls l’expertise du traitement du problème.


La migration de la notion de difficulté à la notion d’incapacité s’est observée dans la question des « troubles des apprentissages », en particulier dans la dysphasie et la dyslexie. Des « dyslexiques » ou des « dysphasiques », il y en a toujours eu à l’école. Celle-ci les a souvent bien mal pris en charge, les cantonnant dans les échecs inévitables, sans mettre en œuvre l’adaptation et la différenciation nécessaires. Avec la définition progressive de ces situations comme troubles, c’est-à-dire comme pathologie, les difficultés sont devenues des incapacités. Mais les incapacités ne sont pas du domaine des compétences professionnelles des enseignants, qui eux traitent des difficultés d’apprentissage. Là où l’on avait quand même des réponses pertinentes et inventives de certains enseignants avec ces élèves, le système éducatif peut aujourd’hui se dédouaner du « traitement de la difficulté » en la renvoyant aux spécialistes et experts des incapacités.

 Il n’est pas sûr que cela aille dans le sens de l’inclusion.

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