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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

mardi 21 mars 2017

entre conviction et responsabilité

Entre la conviction et la responsabilité

Tout le monde s’accorde sur un discours, qui est bien dans l’air du temps, des changements nécessaires concernant les politiques d’accompagnement des personnes en situation de handicap, des élèves en situation de handicap à l’école, allant vers davantage d’inclusion, de participation sociale, d’autonomie, de leur plus grande écoute, du développement de leur empowerment. Mais dans les établissements médicaux-sociaux, et dans les services, ce discours se heurte à des pratiques bien différentes.


On ne va pas externaliser un dispositif sous la pression de professionnels qui vont mettre en garde sur les risques qu’on fera subir aux jeunes élèves en leur enlevant la protection nécessaire, ou en niant le besoin qu’ils auraient d’être toujours entre eux pour être bien. On va légitimer le maintien en dispositif spécialisé de jeunes collégiens sous la pression de professionnels inquiets de la souffrance, le plus souvent fantasmée, qu’ils vont développer dans le vivre ensemble avec les autres, ou sous la pression d’enseignants spécialisés garantissant que leur place n’est pas dans la classe « ordinaire » puisqu’ils ont besoin d’enseignement spécialisé, comme une tautologie de toute éternité. On ne mettra pas d’accessibilité (interface ou interprète en langue des signes) sous la pression d’enseignants spécialisés qui considèrent que le besoin des jeunes sourds est de la compensation (pédagogie spécialisée et adaptative), en raison des moindres capacités (en langue, en vocabulaire, en cognition, etc.) attribuées a priori aux jeunes sourds.

Dans bien des établissements ou services spécialisés, il y a un écart, parfois immense, mais pas toujours perçu, entre ces pratiques concrètes et les discours institutionnels, les projets de service ou d’établissement, les rapports d’activité, les évaluations internes et externes, tous allant dans le sens d’évolutions souhaitables au regard des évolutions philosophiques, conceptuelles et organisationnelles attendues dans les orientations politiques. L’éthique de conviction est rodée, bien assise, séduisante. Mais quand on regarde ce que cela donne en termes d’action proprement dite, le tableau est trompeur. Car ces belles évolutions affichées se heurtent à des « résistances ».

Les bonnes pratiques de management enjoignent de prendre en compte ces résistances, pour savoir comment résister en quelque sorte positivement à ces résistances, avec tout un arsenal de jolies formules et de technique élaborées. Mais le plus souvent, on laisse faire, on évite de faire des vagues, on est plus soucieux de la bonne gestion plutôt que de chercher à savoir quoi faire pour véritablement répondre aux politiques d’accompagnement préconisés pour servir les personnes en situation de handicap. Et même parfois, lorsque des professionnels, professionnels de terrain ou cadres intermédiaires, prennent des initiatives qui vont dans ce sens, en écart ou en opposition avec certaines résistances majoritaires, il arrive qu’ils soient institutionnellement désavoués, et dans le paroxysme d’une institution fonctionnant sur le rapport de force, jetés en pâture à la pensée dominante, cachée et non affichée, qui alimente l’immobilisme.


Il y a là un des obstacles aux évolutions souhaitables, dû au manque de détermination de certains responsables n’arrivant pas, souvent de manière inconsciente, à mettre en cohérence éthique de conviction et éthique de responsabilité.

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