biographie

Ma photo
Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

vendredi 13 janvier 2017

name and shame

"Name and shame"

« Nommer et couvrir de honte », telle est la traduction de cette expression très prisée dans une certaine presse anglo-saxonne. Il arrive que dans des institutions, dont les institutions médico-sociales, qu’un professionnel, de terrain ou cadre intermédiaire, des postures, pensées, attitudes, représentations, etc., en écart avec « l’habitus » dominant de son institution, non conformes aux habitudes, aux fonctionnements, aux impensés organisationnels et professionnels de l’institution. Les fonctionnements institutionnels ont souvent du mal à faire avec ce genre de professionnels, qui par ailleurs font souvent avancer et évoluer leur institution.


Pour l’institution en tant que telle, constituée de ses habitudes de travail et de pensée, l’une des manières de neutraliser ce genre de situations est de qualifier, en la disqualifiant, la personne faute de pouvoir disqualifier ses idées : c’est la « nommer » (name) pour la désigner à l’opprobre professionnel (shame).

Car bien souvent, dans l’institution, les idées portées par ce professionnel « marginal », et qui mettent en plus ou moins fort questionnement cette institution, sont difficiles à contrer : manque de réflexion et de pratique réflexive de beaucoup de professionnels, reproduction des habitudes de travail et de pensée, peur des évolutions et du changement induit par ces nouvelles approches, écart entre éthique de conviction et éthique de responsabilité chez les dirigeants, conservation de certains acquis, propension atavique à l’entre soi et au refus de l’altérité, manque d’occasions et de lieux de débattre et de se confronter à l’éthique, bref de multiples raisons de ne pas entrer en débat, et en même temps de rejeter ce qui apparait comme un risque ou un danger.

C’est dans ce contexte que la qualification/déqualification, le « name and shame » s’exerce : il est en effet plus facile de s’attaquer à une personne, à qui on peut toujours reprocher quelque chose. Il suffit de lui attribuer des attitudes ou des comportements à désavouer, ces attitudes et comportements fussent-ils banals dans n’importe quelle autre circonstance. La situation de désaveu est d’autant facilitée lorsque le professionnel en question est en position de cadre intermédiaire et soumis à des pressions « entre le marteau et l’enclume ».

Tous les arguments sont les bienvenus pour contribuer à cette nomination / désignation / qualification : l’absence d’écoute (puisque la personne tient à ses idées, voire les approfondit, la non adhésion à la position adverse étant lue comme absence d’écoute) et de reconnaissance (encore puisqu’elle n’adhère pas aux idées adverses) ou encore d’agressivité (puisqu’elle tient à ses idées, parfois avec conviction, celle-ci étant qualifiée d’agressivité). Parfois même le comportement social ou les attributs physiques sont sollicités dans la neutralisation du débat. A travers tous ces « défauts » attribués comme dysfonctionnements, à travers cette désignation, c’est la personne dans son intégralité qui est désignée pour subir l’opprobre, le rejet.

« Name and shame » : c’est le processus par lequel des individus ou des groupes sociaux sont stigmatisés, parfois jusqu’à la mort ou l’extermination par des « majorités ». Fait divers en Grande-Bretagne : un homme, désigné, à tort, par la presse à scandales locale comme un délinquant sexuel, a échappé de peu à la mort, ainsi que ses enfants, suite à l’incendie criminel de son habitation.


Si l’on n’arrive pas à ces extrémités dans les institutions, des situations telles que le harcèlement, la mise à l’écart, le dénigrement, le « bouc émissaire »,  sont des phénomènes qui se produisent dans les institutions plus fréquemment qu’on ne veut bien les connaitre, avec parfois des réponses dramatiques comme le silence, la honte personnelle, la dépression ou le suicide.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire