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Président du Réseau Français sur le Processus de Production du Handicap (RFPPH) Formateur accrédité sur le modèle de développement humain-processus de production du handicap (MDH-PPH), et dans les domaine des droits et des politiques inclusives / administrateur organismes de formation et secteur médico-social / ancien cadre dans le secteur médico-social et formateur

lundi 5 décembre 2016

D'un petit raté à du harcèlement

D'un petit raté à du harcèlement

Appelons-le Monsieur X. Mr X est moniteur éducateur, âgé d’une cinquantaine d’années. Il a exercé, depuis ses 18 ans, dans le même établissement, à l’internat de l’institution. A l’heure des faits qui suivent, il partage son temps entre, d’une part, ses missions auprès des jeunes (à l’internat toujours, ainsi que des fonctions d’accompagnement à l’orientation des jeunes de 14 à 16 ans), et d’autre part des délégations syndicales et de représentation du personnel. Pendant ces années, il n’a jamais fait voir de ses projets que celui, à échéance encore lointaine, de son départ en retraite.


Sophie est une jeune fille sourde qui exprime son vœu de faire une formation précise, et son choix se porte prioritairement, pour effectuer cette formation, sur une orientation dans un établissement spécialisé pour jeunes sourds. Le nombre de places étant limité dans cet établissement, nous convenons avec la famille de la recherche d’un plan B. Dans ce plan B, Mr X est chargé, conformément à ses missions, de prendre contact avec diverses structures pouvant assurer cette formation afin de bien préparer cette future orientation. Mais il ne le fit pas, malgré plusieurs sollicitations. Heureusement sans effet négatif, puisque Sophie avait pu accéder à son premier vœu.

A la rentrée suivante, lors de l’entretien individuel annuel, son chef de service évoque ce fait, en prenant toutes les précautions rhétoriques nécessaires, en le qualifiant de « petit raté », comme cela arrive à tous les professionnels. Mr X prend mal la remarque, qu’il récuse. De ce jour, toutes les occasions sociales ou professionnelles furent mises à profit par Mr X pour dénigrer le chef de service.

L’année suivante, il avait toujours les mêmes missions. Il avait en charge une situation problématique d’un jeune qui ne trouvait pas d’employeur pour faire son apprentissage. Mr X partit en vacances au début juillet, sans avoir trouvé de solution pour ce jeune homme, et, plus grave, sans avoir informé son chef de service de la situation (ni des démarches faites, ni de l’absence de solutions).

A l’entretien annuel qui suivit, le chef de service ne pouvait pas ne pas évoquer cette situation, qui avait laissé un jeune dans une impasse, ce qui relevait d’une certaine gravité dans l’éthique de l’accompagnement. Evocation encore une fois faite avec toutes les précautions rhétoriques nécessaires. Au simple énoncé de la situation, Mr X réagit violemment, ferme son cahier de notes, le met dans son cartable, accuse son interlocuteur de faire de l’entretien « un moment de règlement de compte, d’attaque individuelle et de harcèlement », il se lève et s’en va en claquant la porte.

A partir de cette date, et profitant de son statut de représentant du personnel, il fit du chef de service son ennemi personnel. Tous les faits et gestes du chef de service, ses discours et ses propos, ses prises de position et ses décisions, ses accords ou désaccords avec des professionnels, tout fut traduit, interprété, par lui et par d’autres professionnels qui y trouvaient aussi un intérêt, comme un manque d’écoute et de reconnaissance, un abus d’autorité, et en résumé comme du harcèlement, à l’origine de souffrance au travail.

L’accusateur qui se dit victime de harcèlement se transforme en harceleur institutionnel ! Pour peu que les responsables de l’institution, par crainte d’affronter l’ordre professionnel ou syndical, ou pour quelque obscure raison de stratégie managériale, laissent faire les choses, on se trouve là devant une situation de harcèlement (non au sens juridique du terme, mais comme production des effets identiques à celui du harcèlement), du chef de service cette fois, quelque peu éloignée des préoccupations « courantes » de prévention des risques psycho-sociaux.

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